Influence et rapports de minoration. La fabrique des normes à l’ère de la plateformisation néolibérale

Le présent dossier interroge la notion d'« influence » telle qu'elle circule dans les discours et se développe dans les pratiques depuis les années 2000, dans le contexte de l'essor des réseaux sociaux numériques. Bien que l'influence ne soit pas une activité nouvelle -celle-ci consiste à « rallier un auditoire à ses vues » et vise « à modifier les dispositions de la personne influencée à l'égard d'une situation présente, ou d'événements futurs auxquels elle est susceptible de participer » (Bremond, 1970, p. 60) -, elle a gagné en popularité avec l'apparition des blogues, puis s'est professionnalisée grâce à l'expansion des audiences et au soutien d'agences publicitaires. C'est toutefois avec l'émergence des réseaux sociaux numériques et des téléphones intelligents (smartphones) que le terme « influenceur•euse » s'est popularisé dans les années 2010. 1 Les domaines d'influence foisonnent, allant des thèmes les plus prosaïques (beauté, sport, mode, voyage, etc.) aux plus engagés (mouvements féministes, intersectionnels, bodypositives, antispécistes, végans, etc.). Le monde de la recherche en a fait un objet d'étude, difficile à définir (Alloing, Cordelier et Yates, 2021), voire à cerner tant les pratiques, supports, thèmes abordés, positions défendues… sont multiples et pris dans des dynamiques mondiales où différentes réalités sociales, politiques, économiques et culturelles se superposent et s'enchevêtrent.

Hélène Bourdeloie, Alix Bénistant. Influence et rapports de minoration. La fabrique des normes à l’ère de la plateformisation néolibérale. Communication [Information Médias Théories] : revue québécoise des recherches et des pratiques en communication et information, 2024, Vol. 41/1, ⟨10.4000/127l3⟩ - lien externe. ⟨hal-04742230⟩ - lien externe