Notre contribution se propose de comparer les parcours des groupes Stone Vengeance, Body Count et Unlocking The Truth afin de saisir l’évolution des rapports du métal aux industries culturelles, et plus largement des modes de production culturelle noire aux États-Unis. Pour ces trois cas, il nous semble qu’il s’agit moins « d’ouvrir les processus d’une mauvaise communication interculturelle » (Turner, 2014) que de se rattacher à une communauté musicale tout en affirmant leurs différences (Ben Salah, 2011 ; Fellezs, 2011). Une telle démarche est liée à de nouvelles logiques de promotion et de diffusion, ce qui peut également nous permettre de saisir les nouvelles formes de « logiques contradictoires » (Guibert, Hein, 2006) constitutives du monde du métal d’aujourd’hui. En 1978, trois noirs du quartier défavorisé de Bayview-Hunter’s Point à San Francisco forment le groupe de trash métal Stone Vengeance. Plus de trois décennies plus tard, le groupe continue à jouer et à enregistrer pour un public d’avertis qui les nomme les « Lords du Heavy Metal Soul ». Ce surnom reflète non seulement la démarche du groupe d’inscrire le métal dans la tradition du blues – « en opposition à une représentation du trash métal comme une forme musicale complexe » (Fellezs, 2011 : 196) – mais également en opposition à une industrie musicale états-unienne qui perçoit encore dans sa majorité le métal comme étant une musique de « jeunes, blancs, mâles et de la classe ouvrière » (Walser, 1993 : 3) . Sur l’introduction de son morceau aux sonorités métal « Body Count », qui figure pourtant sur un album de gangsta rap, Ice-T défend le même positionnement en expliquant que le rock est avant tout une musique de noirs. Et lorsqu’il présenta officiellement le groupe Body Count lors du concert Lollapalooza de 1991, il expliqua au public qu’il souhaitait leur prouver que le « rock’n’roll n’a rien à voir avec le fait d’être noir ou blanc (…) le rock’n’roll est un état d’esprit » (Ice-T, Century, 2011). Aussi, il faut souligner qu’Ice-T s’est toujours défendu de rapper avec Body Count et qu’il souhaitait alors tourner avec Slayer et Rollins Band.
Marc Kaiser. Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: métalleux, noirs, et bientôt mainstream?. Heavy metal et sciences sociales. Un état des lieux de la recherche en France et dans le monde francophone, Dec 2014, Angers, France. ⟨hal-03256901⟩ - lien externe
Citations
Kaiser, M. (2014). Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: métalleux, noirs, et bientôt mainstream? https://hal.science/hal-03256901v1
Kaiser, Marc. Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: Métalleux, Noirs, Et Bientôt Mainstream? Dec. 2014, https://hal.science/hal-03256901v1.
Kaiser, Marc. 2014. “Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: Métalleux, Noirs, Et Bientôt Mainstream?” https://hal.science/hal-03256901v1.
Kaiser, M. (2014) “Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: métalleux, noirs, et bientôt mainstream?” Available at: https://hal.science/hal-03256901v1.
KAISER, Marc, 2014. Stone Vengeance, Body Count, Unlocking The Truth: métalleux, noirs, et bientôt mainstream? [en ligne]. December 2014. Disponible à l'adresse : https://hal.science/hal-03256901v1