CyberOmbre, Le théâtre dans les cavernes du numérique. Stimuler la réflexivité des adolescents sur leurs usages des plateformes numériques

Ce projet explore la façon dont les outils dramaturgiques peuvent mettre en lumière un travail émotionnel, souvent invisible, des plateformes numériques.

Porteurs : Sophie Jehel (CEMTI, Université Paris 8), coordinatrice et Fardin Mortazavi (Artiste-chercheur), ingénieur de recherche

Années du projet : 2019-2021

Partenaires : CEMTI (Paris 8), CNSAD Paris, HAR (Paris-Nanterre), Cie CyberOmbre et Cie Maison Persane Maison de Geste et de l’Image MGI Paris, Bernard Stiegler (Philosophe) et artistes : Christian Remer (metteur en scène), Laure Bonnet (autrice) et Daphnélia Mortazavi (comédienne) 

Financement : Eur-ArTeC, Laboratoire Cemti et Cie CyberOmbre (www.cyberombre.org

Les opportunités offertes par les outils numériques recèlent certaines difficultés face auxquelles les adolescents sont équipés inégalement, selon leurs ressources sociales, culturelles et psychiques. La fracture cognitive ne peut se combler par le seul équipement matériel ni le seul apprentissage des fonctionnalités (Hargittai 2002, Plantard 2011). Des médiations doivent être construites pour apporter les connaissances, les savoir-faire mais aussi les questions qui ne s’acquièrent pas spontanément (Octobre 2017). Cette transmission est d’autant plus cruciale que l’usage des outils numériques promeut des modalités de connaissances informelles qui entrent en concurrence avec les instances de socialisation traditionnelles (Bourdeloie 2012, Sadin 2015, Jehel et Saemmer 2017). Elle requiert également plasticité et modestie des adultes pour accepter d’apprendre des jeunes ce qu’eux-mêmes parfois ignorent.

Les recherches menées depuis 2011 par Fardin Mortazavi (avec le dispositif CyberOmbre) montrent que la scène du théâtre peut s’avérer une « brèche » idéale pour que les jeunes mettent en abyme leurs propres usages numériques et construisent un regard critique, dans un rapport distancié mais respectueux de leur sphère intime. Le recours aux techniques théâtrales est d’autant plus pertinent que des nouveaux acteurs culturels et commerciaux s’inscrivent dans une tradition d’instrumentalisation des techniques du « jeu profond » (Stanislavski 1963) par les activités de service (voir l'étude fondatrice de Hochschild 1983 sur le travail émotionnel). Nous nous intéressons dans ce contexte au travail émotionnel sollicité par les plateformes numériques (Jehel 2018). Nous associerons des chercheurs et des professionnels du théâtre (CNSAD, MGI et artiste associé) pour explorer la façon dont les outils dramaturgiques peuvent mettre en lumière un travail émotionnel des plateformes souvent invisible. Nous constituerons à cette fin une scène-laboratoire-observatoire.