Entre débats houleux, manifestations devant les salles de spectacles, interruptions de représentations ou demandes de déprogrammation, depuis une quinzaine d’années la vie théâtrale française est régulièrement émaillée de controverses sur le racisme. Toutes présentent un même scénario : des spectacles visant à dénoncer des injustices liées au racisme ou à l’histoire coloniale en viennent à susciter des réactions indignées… qui font à leur tour l’objet d’une indignation virulente. De quoi la multiplication de ces affaires est-elle le signe ? En quoi renseigne-t-elle sur des reconfigurations idéologiques en cours dans le champ théâtral et plus largement dans les champs médiatique, intellectuel et politique ?
Au travers de contributions pluridisciplinaires, cet ouvrage documente le développement d’un activisme antiraciste en terrain culturel et la mise en circulation de nouveaux critères d’évaluation des œuvres, qui excèdent le seul niveau esthétique et pluralisent les discours sur la responsabilité sociale des artistes et des institutions culturelles. Prenant à revers la panique morale autour de la « cancel culture », le livre étudie la configuration de ces controverses, leur structure argumentative et les concepts mobilisés (« blackface », « appropriation culturelle », etc.). Il explore leurs effets sur l’institution théâtrale, des débats sur la liberté de création à la promotion d’une plus grande diversité des corps, des voix et des récits sur les scènes.